Alors Moïse dit : Fais-moi voir ta
gloire, je t'en prie ! Il répondit : Je ferai passer devant toi toute ma bonté et
je proclamerai devant toi le nom du SEIGNEUR (YHWH) ; je ferai grâce à qui
je ferai grâce, et j'aurai compassion de qui j'aurai compassion. Il
ajouta : Tu ne pourras pas voir ma face, car l'être humain ne peut me voir
et vivre. Le SEIGNEUR dit : Voici un lieu près de moi ; tu te
tiendras sur le rocher. Quand ma gloire passera, je te mettrai dans un creux du
rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis je
retirerai ma main, et tu me verras de dos ; mais ma face ne pourra pas être
vue. Ex 33/18 à 23
Grâce
et paix sur chacune et chacun de vous au nom de notre Seigneur
Jésus-Christ !
L’or
et le diamant sont des métaux précieux, recherchés, parce que rares et
échangeables contre des biens fabuleux. Mais notre Seigneur est plus que
précieux pour nous, parce qu’Il est unique et parce qu’Il n’a pas
d’équivalent d’échange. C’est pourquoi Il mérite aussi qu’on Lui donne la plus
unique des offrandes : lorsque Lucifer le tenta en Matthieu 4 : 9, il
Lui demanda, en échange de tous les royaumes de la terre, l’adoration.
La valeur et la préciosité de l’adoration nous sont ainsi, d’une certaine
façon, révélées par rapport à ce que le diable était prêt à payer cash en
équivalent. C’est-à-dire le monde entier. Avec toute sa gloire…
Abraham
nous a déjà ouvert l’esprit en Genèse 22 :1-12, en nous montrant que cette
adoration si chère à Dieu et si convoitée par l’ennemi, trouve précisément son
acmé, son sens le plus élevé, dans l’obéissance rendue parfaite par « le
couteau du sacrifice », qui immole notre désir et notre volonté
propres sur « le feu de l’autel » du désir de
Dieu. C’est cette adoration, cette vie d’adoration, tant recherchée par
le Père (Jean
4 : 23), que nous sommes encouragés
à Lui offrir, parce qu’elle n’a d’autre équivalent d’échange que la GRACE, qui sera au
cœur de ce partage.
De
tous les personnages de la Bible,
l’histoire de Moïse, depuis sa naissance « sur les
eaux »
(Ex 2 : 3), jusqu’à son enlèvement « au sommet du mont Pisga » (Deut 34 : 1-5), reste une
mine intarissable d’enseignements. Mais l’épisode d’Exode 33 : 18-23 nous
paraît de loin la plus fascinante : Moïse y est en effet présenté comme le
seul être humain, qui a vu sa prière, celle de…voir Dieu, être exaucée
(de dos). Quelle grâce ! Quel mystère !
Avant
tout, il nous faut faire ici une halte pour méditer sur cette audacieuse prière
de notre patriarche : « Fais-moi voir ta gloire ! »
Car jusqu’à cette requête inouïe, Moïse avait déjà un
« CV ministériel » bien fourni : il avait vu Pharaon et son
armée périr dans la mer par son bâton, il avait vu de l’eau sortir du rocher
par la même autorité, il avait encore vu des cailles et la manne nourrir à
satiété Israël dans le désert... Mais le désir de « voir la gloire de
Dieu » était un niveau bien supérieur à ce passé miraculeux qu’il
avait connu. Plus que les manifestations de Dieu, Moïse voulait à présent
connaître Dieu manifesté. Son désir de connaître le créateur, de pousser
encore plus loin son intimité avec Lui, était à la hauteur de son désir de Le
servir. Moïse nous montre ici d’une part que notre relation avec Dieu doit être
motivée par une soif toujours croissante de Le connaître.
Paul
a dit : « Je regarde toutes choses anciennes comme de la boue à
cause de l’excellence de la connaissance de Christ » ( Phil 3 :8), ce Christ excellent qui a déclaré Simon
"heureux", parce qu’il avait eu la révélation de Le
connaître, non pas par la connaissance de la foule qui le confondait
avec Elie ou Jean-Baptiste, mais par la connaissance de l’Esprit (Mat 16 : 17). Oui Dieu est notre suprême trésor, Il est notre
héritage, c’est pourquoi aussi en Lui doit se trouver notre cœur. Tout notre
cœur. Car là où est notre trésor là aussi sera notre cœur (Mat 6 : 21).
Moïse
nous montre d’autre part que la marche avec Dieu, la vie chrétienne, nécessite
aussi des expériences, des « vis-à-vis » avec Dieu. Ainsi dans Exode
3 : 1-6, il a d’abord expérimenté Dieu à travers un buisson ardent. Il y a
ici deux vérités, adossées aux deux natures de Dieu qui méritent d’être
soulignées.
Premièrement le feu, qui de par sa nature même est une force qui
anéantit toute réalité sur son passage. Mais le feu divin est encore plus
redoutable : il consume même son contraire, ce qui peut l’éteindre,
c’est-à-dire l’eau ! (1 Rois 18 : 38 ). Ce feu
ardent qui brûlait ainsi au milieu du buisson était la manifestation de la
force suprême et souveraine de Dieu, devant laquelle rien ne Lui résiste,
et qui anéantit ses contraires, ses ennemis. Il se révélait par cette
énigme à Moïse comme El-Elohé, comme Elohim, comme Adonaï.
Deuxièmement, le buisson, de par sa nature même est un
combustible spontanément flammable au contact du feu. Mais le buisson de Exode
3, bien qu’il soit en contact avec le feu ardent, ne se consumait pas. Ce
n’était pas que le feu ne pouvait pas le faire, c’est parce que le feu lui-même
en avait décidé ainsi. Le feu de Dieu, la puissance de Dieu est ainsi folie
de Dieu (1
Cor 1 :25), c’est-à-dire sagesse
au-delà de celle des hommes : Il fait grâce à qui Il veut, Il décide de
faire vivre et de faire mourir… Et nul ne peut contester Ses voies parce
qu’elles sont parfaites.
La
fragilité et la délicatesse du buisson d’une part et le feu ardent d’autre
part, révèlent aussi les deux extrêmes qui habitent en Dieu, qui font un en
Lui, et qui caractérisent la puissance de sa nature : Il est à la fois si
terrible mais en même temps si accessible ; à la fois si redoutable mais
aussi si…adorable ; à la fois terrifiant et si compatissant.
Sa voix fait gronder le tonnerre, fait briser les
cèdres du Liban, fait trembler le désert…(Ps 29) ; mais
sa voix est aussi en même temps « doux et léger murmure » (1 Rois 19 : 12). Les yeux de Moïse ont vu par le buisson qui ne
consumait pas, un phénomène physique contraire à la nature des choses. Mais
Dieu a pris justement les choses physiques de la nature pour lui révéler un
épiphénomène : celui que Dieu est Dieu parce qu’Il règne et parle au
milieu des (choses) contraires. Alléluia !
C’est
à partir de ce premier « vis-à-vis » du mont Horeb que Moïse a
réalisé la puissance ineffable de Dieu et a conséquemment vu son bâton se
transformer en serpent, a pu envoyer par la suite des plaies sur l’Egypte,
ouvrir la mer...Mais trente chapitres plus loin, c’est-à-dire lorsque Moïse
était parvenu à un certain approfondissement de sa marche avec Dieu, dans Exode
33 : 20, Il ne Le verra plus sous forme d’énigme. Il le verra cette
fois directement, distinctement, de dos. Alors que dans Exode 3 il est descendu
du mont Horeb, après l’expérience du buisson ardent, avec un bâton-serpent,
ici, Moïse va descendre du Sinaï, après avoir vu le dos de Dieu, avec les
tables de la loi.
Ainsi
à chaque expérience, à chaque « vis-à-vis » que Moïse a connu avec
Dieu, qui était une révélation progressive de Sa personne, a correspondu un
impact différent : non seulement il a réalisé, par l’expérience du buisson
ardent, la puissance indicible de Dieu, mais cette puissance même lui a surtout
appris à « ôter ses chaussures en Sa présence » (Ex 3 : 5), à comprendre que le feu de Dieu se manifeste dans
la sainteté de Dieu.
C’est
aussi à cause de l’impact du buisson ardent qu’il a levé son bâton et a frayé
un chemin dans la mer, là où les enfants d’Israël pleuraient et paniquaient à
l’approche de Pharaon et de son armée. C’est parce qu’il avait reçu les tables
de la loi, que Moïse a connu une nouvelle dimension dans son ministère, celle
de construire le tabernacle, le lieu où habiterait Dieu au milieu de son peuple
et à instaurer une alliance avec Israël.
C’est
parce que Pierre avait eu un « vis-à-vis » avec Christ sur la
montagne de la transfiguration (Mat 17 :1-2) que là
où Judas a pu livrer le Seigneur pour trente pièces d’argent (Mat 26 :15), il a refusé de se compromettre quand Simon le
magicien lui a proposé « d’acheter » la grâce de Dieu (Actes 8 : 18-21). Ainsi donc de l’altitude de notre
« vis-à-vis » avec Dieu dépend aussi notre attitude à ne pas
corrompre notre foi, encore moins la brader, et à rester intègre.
Voici
donc Moïse en Exode 33, repoussant encore plus loin les limites de sa
connaissance de Dieu : « Fais moi voir ta gloire ». Moïse
avait pleinement conscience que ce qu’il demandait était surréaliste. C’est
pourquoi le Seigneur Lui-même lui dit : « l’homme ne peut Me voir
et vivre » (Ex
33 : 20). Pourquoi ? Parce que
« voir la gloire de Dieu » signifiait aussi « voir la face de
Dieu ». Or Psaumes 85 : 14 nous révèle que la justice marche devant
Lui, c’est-à-dire devant Sa face.
Quel
est alors l’homme qui peut « voir » Dieu, qui peut regarder
distinctement son visage, c’est-à-dire qui peut tenir devant Sa justice ? Notre
justice, qui est un vêtement souillé devant Lui (Esaïe 64/5), peut-elle oser regarder en face la sienne ?
Ananias
et Saphira sont entrés en jugement avec elle, ils ont été foudroyés de mort (Actes 5 : 1-10). Dathan, Abiram et Koré entrèrent en rébellion
contre elle, ils descendirent vivants au séjour des morts (Nb 16 : 29-35). Adam et Eve avaient désobéi à sa voix, c’est
pourquoi aussi ils se « cachèrent loin de sa face » (Gen 3/8). Même les 24 vieillards, pourtant revêtus de
vêtements blancs, et qui siègent devant son trône, en levant leurs regards vers
cette face, ne peuvent que se prosterner devant Le créateur. Ils ne se
considèrent même pas dignes de remettre leurs couronnes entre Ses mains, ils la
déposent à Ses pieds (Ap.
4 : 10-11)…
C’est
la raison pour laquelle contrairement au pharisien de Luc 18 : 12 qui
s’enorgueillissait de ses jeûnes, de ses prières, de sa conception de Dieu…
c’est-à-dire de sa « propre justice », la Bible nous dit que le
publicain n’osait pas lever les yeux au ciel (Luc 18/13). C’était
donc en réalité une chose difficile que Moïse demandait parce que Christ
n’était pas encore venu, et le voile du temple n’avait pas encore été
déchiré pour nous faire entrer dans le sanctuaire et voir Dieu tel qu’Il est (Mat 27/51 ; Eph 2/18).
C’est
pourquoi aussi pour exaucer Moïse, Dieu lui dit : « Quand ma gloire passera, Je te mettrai dans un
creux du rocher, et je te couvrirai de ma main jusqu’à
ce que j’aie passé. Et lorsque je retournerai ma
main, tu me verras par derrière, mais ma face ne pourra pas être
vue » : pour que Moïse soit capable de voir Dieu, il fallait que le
bras de la sainteté de l’Eternel (Es 52/10) vienne à
son secours, que la justice de Dieu Lui-même couvre la sienne, de sorte que le
contre coup du passage de Sa gloire, c’est-à-dire de Sa face, soit
amorti.
La
face de Dieu aurait certainement fait mourir Moïse, mais le dos de Dieu, révélé
à Moïse, lui a permis de Le voir dans sa chair et de vivre. La révélation donc
de la face de Dieu, c’est-à-dire de la loi, du jugement et de la mort, a été
différée, transposée dans la révélation du dos, c’est-à-dire de la grâce. Dieu
a montré à Moïse « son vrai visage » et « sa vraie gloire »
"par son dos", celui du Dieu de toutes grâces. Car effectivement
lorsque Sa gloire passait devant Moïse, c’est-à-dire lorsque Son visage passait
devant Moïse, Dieu Lui-même s’identifie en ces termes :
« L’Eternel, L’Eternel, Dieu miséricordieux et
compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son
amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le
péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit
l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la
troisième et à la quatrième génération ». (Ex 34 : 6-7).
Les
deux extrêmes de Dieu que nous avons vu plus haut , s’expriment encore
ici, mais celle qui se révèle premièrement dans l’ordre de la
révélation de Dieu à Moïse, est celle du Dieu de grâce avant celui du
Dieu de justice. C’est pourquoi la femme qui avait une perte de sang depuis 12
ans en Matthieu 9 : 20 n’est pas venue à Jésus par devant Lui,
c’est-à-dire par devant la justice de Dieu, par devant la loi qui l’aurait
certainement condamnée, elle est venue à Lui par « derrière », en
« se cachant » derrière son dos, en le « touchant par
derrière », là où on peut trouver refuge loin de la sévérité du jugement
de Dieu, là où est manifestée la grâce de Dieu. C’est pourquoi aussi la
puissance de la grâce l’a guérie.
Car
c’est bien par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi, cela ne
vient pas de nous, c’est le don de Dieu (Eph 2 : 8). Le
« vrai visage de Dieu » c’est celui que nous voyons manifesté dans
son dos parce qu’Il dit en Esaïe 50 : 6 « J’ai livré mon dos à
ceux qui me frappaient… ». C’est pourquoi comme Moïse, en contemplant
« le dos de Dieu » par Christ, ce dos lacéré, flagellé pour nous, en
fixant les regards sur le sacrifice effectué pour nous, Dieu nous rappelle que
c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris, par ses blessures que nous
avons un accès illimité à Lui.
Comme
un écran plasma devant lui, Moïse contemplait ainsi les mystères de la gloire
de Dieu par son dos, mais il ne pouvait pas voir au-delà ce que Dieu pouvait
voir parce que Lui seul à la pleine connaissance du futur et de l’avenir. C’est
pourquoi nous suivons l’Agneau partout où Il va (Ap 14 :4),
c’est-à-dire que nous marchons à sa suite, nous le suivons " par le
dos", nous ne voyons pas nécessairement au-delà de Lui mais nous lisons
cet avenir "par son dos" parce que Lui, le Bon Berger, connaît
notre avenir. IL nous dit simplement « Suis-moi ».
Parce
qu' au stade de la révélation du dos de Dieu, correspond aussi celui de la
révélation des tables de la loi, c’est-à-dire de la Parole de Dieu. Ces tables
de la loi étaient une alliance entre le peuple d’Israël et Dieu et c’est ce
qu’est la Parole
de Dieu : elle est une promesse d’alliance entre nous et le créateur
toutes les fois où nous la mettons en pratique, où nous nous reposons en elle.
Elle est infaillible parce que les tables de la loi ont été écrites dans des pierres de roche, de la main de Dieu
Lui-même (Ex 34/1).
Notre Dieu est Vivant et réel. Il se laisse trouver par Celui qui
le cherche (Jér
29/13). Il nous fait
connaître son visage "par son dos", Il nous fait accéder à Sa gloire
par Sa grâce. Il nous révèle qu’Il est profond et que nous devons donc aller en
eaux profondes pour découvrir les trésors inestimables cachés en Lui. Il veut
étendre les limites de notre connaissance de Lui, Il nous appelle par
conséquent à nous humilier devant Lui, car ce sont les enfants devant Lui
qui sont les vieillards devant son trône. Tout est possible à celui qui le voit
" de dos", à celui qui le touche "de dos".
Puissent tous ceux qui sont malades, qui sont au bord du
gouffre, qui soupirent après Dieu, qui sont affligés, qui pleurent de douleurs
de toutes sortes et qui lisent ce message, qui viennent à Dieu "par son
dos", être touchés par Sa GRACE ! Il est notre avenir car c’est Lui
qui voit pour nous notre lendemain, c’est pourquoi Il nous appelle à Le suivre car
jamais Il ne nous tournera… le dos.
Shalom !
Hervé
Coulibaly