Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres |
Beaucoup confondent l’amour de la vérité avec la traque de l’erreur et la
condamnation du mensonge.
Adopter une posture qui sanctionne tout ce qui est faux ou approximatif est
à la portée de tout le monde. Il suffit de connaître la Bible, d’absorber le fruit
de la connaissance du bien et du mal, et n’importe qui peut s’asseoir au siège
du jugement. C’est presque une question de mécanique. Wesley disait que le
diable connaît parfaitement la vérité, mais qu’il ne l’aime pas. Il peut invoquer
tous les versets imaginables mais lui-même s’en tient éloigné. Notre
christianisme doit impérativement dépasser cette dimension.
L’amour de la Vérité
est un fardeau. On entend dire parfois que la Vérité est une personne, et que cette personne
est Christ : celui qui aime la vérité ne serait donc pas celui qui
maîtrise un concept, mais qui s’inscrit dans une relation personnelle et
vivante, dans laquelle on ne permet pas à ses propres pensées d’aller au-delà
de ce qui est écrit. On ne devrait pas se battre pour la vérité, mais
pour Christ. C’est la ligne directrice qui parcourt l’ensemble du
livre des Actes des apôtres.
Certains chrétiens manient la vérité comme une faux. La Vérité ne se manie pas,
elle n’est pas un instrument à notre service, mais c’est nous qui sommes
l’instrument de Christ. Et pour devenir un instrument fidèle, il nous faudra
venir à une soumission librement consentie — souvent par le chemin du brisement
de la volonté propre — afin que la chair ne vienne pas empiéter dans le
service, et ne se crée son propre ministère de la justice.
C’est Christ que nous sommes appelés à manifester, pas la vérité.
C’est Christ que nous avons vocation d’incarner en premier, pas la Justice ou la puissance,
comme les ouvriers d’iniquité en découvriront l’amère dimension Mat 7/22 : « Plusieurs me diront en ce
jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom, et
n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom, et n’avons-nous pas fait
beaucoup de miracles en ton nom ? Et alors je leur déclarerai: Je ne vous ai
jamais connus; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité »Connaître la vérité est une chose, mais la Bible démontre que connaître Christ est un appel
plus élevé. Parce que connaître Christ, c’est non seulement être en contact
avec la Vérité,
mais également avec la Grâce,
et la Justice. La
vraie Justice.
Nous voyons dans les lettres aux églises de l’Apocalypse que l’aboutissement
des choses, c’est d’être un vainqueur … mais de quoi ? C’est Christ qui a
tout surmonté et tout vaincu. Peut-être l’appel à être vainqueur est-il cet
état où nous déployons notre zèle et notre énergie pour nous approprier Christ,
de saisir Christ, de demeurer en Christ, dans sa vie, toute la dimension de la
vérité, pour vivre toutes choses avec, par Lui et pour Lui. C’est le contraire
de la religion, qui consiste à amener, à faire descendre Dieu dans l’humain,
pour élever ce dernier à la hauteur du divin : c’est le péché de la
divinisation de la créature, qu’on retrouve dans la chute de satan.
Es14/13 : « Tu disais en ton coeur: Je
monterai au ciel, J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; Je
m’assiérai sur la montagne de l’assemblée, A l’extrémité du septentrion »Telle est la finalité que le Saint-Esprit ne permettra pas : Il ne donnera
pas sa gloire à un autre que Christ. C’est lui qui est l’oméga, et non ma
personne, fut-elle remplie de l’Esprit. Le temple n’est pas plus grand que
Celui à qui il est dédié.
Le véritable amour de la
Vérité consiste à aimer que cette vérité développe ses effets
en nous-mêmes. Afin que la vérité s’installe –
s’inscrive – dans l’homme intérieur Ps 51/6 : « Voici, tu veux la vérité dans
l’homme intérieur, et tu me feras comprendre la sagesse dans le secret de mon
cœur »..
Parfois la vérité a des exigences auxquelles nous savons ne pouvoir
satisfaire : elle va trop loin, descend trop profond, projette une lumière
trop pure. C’est que nous sommes entrés dans la dimension divine de l’œuvre de
sanctification, à un niveau où nous ne pouvons rien accomplir, sinon de dire
« Viens, Seigneur Jésus », prends cette place que je t’abandonne, que
ton règne vienne dans toute ma vie, sois souverain sur toutes choses, le
Seigneur de ma liberté.
Il est nécessaire d’entrer dans ces réalités douloureuses, coûteuses, et que
la lumière soit partout chez elle en nous.
Personne en effet ne pourra combattre le mensonge (des autres) s’il n’est
pas au clair sur le sien, sa propre capacité de se mentir à soi-même, sa propre
corruption. Personne ne peut dénoncer les illusions des autres si les siennes
ne lui sont pas apparues dans toute leur vanité. Personne ne peut véritablement
contester contre le péché des autres s’il n’est passé par le brisement à cause
du sien propre. C’est sans doute la raison pour laquelle on trouve beaucoup
d’enseignants, mais peu de la présence de la puissance de l’Esprit de Vérité,
Celui qui était avec Jean et qui amenait les foules à la repentance.
Qui connaît la véritable nature du cœur humain, et sa déchéance absolue et
définitive ? Son besoin de Christ (et donc de salut) à chaque
instant ? Qui connaît la corruption de la chair, l’irrecevabilité des
œuvres mortes ? Qui, enfin, est entré dans la révélation que sa propre
personne ne vaut pas mieux qu’une autre, n’est élevée au-dessus de
quiconque ?
C’est celui-là qui sera qualifié par le Saint-Esprit pour entrer dans le
combat pour l’amour de la
Vérité.
Jérôme Prekel©Le Sarment2011